Au début du siècle, les français repartent à la
conquête de l´Afrique. Les défaites en prusse en 1870 ont
un peu émoussé la fierté de l´armée nationale.
L´Afrique reste à explorer pour les colons, et redonne de nouveaux
espoirs à la France. Un probléme géographique se pose en
fait entre le nord (Maghreb) et le sud (Soudan français, actuel Mali),
la coupure du Sahara isolera à l´avenir les deux Afriques.
Il faut relier le nord au sud par le rail!
Les officiers Dupontel et Freycinet en seront chargés. Au delà d´une simple liaison économique, il s´agit également d´unir les unités militaires Françaises du nord et celle du sud.
Les divisions du nord étaient réunies sous l´appellation
"Armée d´Afrique" ou les "Culs Rouges", les
divisions du sud étaient les véritables colonies gardées
par l´armée "la Coloniale", dépendante de la marine
dont les soldats étaient familièrement appellés "les
Culs Noirs".
D´ailleurs les deux colonies ne s´apprécient que moyennement.
Dans le désert les militaires rencontrent une opposition farouche, au delà de l´aridité et de l´obligation de tracer son chemin au milieu de fournaises, des petites armées de guerriers sur des chameaux, les Touaregs règnent sur le désert, et l´envahisseur ne passera pas... quasiment toutes les tentatives de traversée du Sahara seront vouées à l´échec, decimées par des guerriers Touaregs.
"En 1881, le Colonel Flatters, parti d'Ouagla le 4 décembre 1880 pour
étudier le tracé d'une voie ferrée centrale, fut massacré à Bir el Garama, 1.000
kilomètres au Sud d'Ouargla, par les Touareg.
En 1886, la tentative de Palat pour traverser le Sahara échoue dans des conditions
identiques.
En 1889, Douls connaît le même échec, qui se répête en 1896, quand
le Marquis de Morès périt comme ses devanciers sous les coups des Touareg."
(source)
L´habillement, le mystère, la violence des combats laissera longtemps des traces dans les esprits français... finalement ce sont là des combattants exceptionels auxquels ils ont à faire face, qui surgissent de nulle part et opposent une resistance sans retenue aux explorateurs français.
"fort Kidal"
- 1930, source Temhai
Peu de temps auparavant s´achevait la conférence de Berlin qui découpait et attribuait des morceaux d´Afrique aux puissances européennes. Certains officiers français ont outrepassé leur droit et ont couru contre les anglais, parmi eux les officiers Voulet et Chanoine...
Les français ont donc régi l'Afrique de l´Ouest comme une seul région : l'Afrique Occidentale Française (l'AOF)
Il a été envisagé la création d'un territoire saharien relativement indépendant. Il aurait couvert la région frontalière entre Mali et Niger appelée azawagh et azawak en englobant le Sahara central, et donc le sud de l´Algérie. Mais ce projet ne vit jamais le jour lorsque les Français découpèrent les frontières africaines.
Les rapports entre Français et Touaregs étaient plus que tendus. Les Français ont dirigé d'une main de fer la région en privant les Imashaghen de libertés. En fait les français ont eu des difficultés à s´imposer dans l´organisation économique et sociale locale. Ils utilisèrent avant tout les Touaregs comme transporteurs, ainsi qu´au combat, ayant fait l´experience de leur qualités guerrières et jouant avec les rivalités préexistantes entre les Touaregs et les populations locales.
Ce fut Laperrine, grand ami du Père de Foucault, qui a l´idée
d´enrôler ces "corsaires du désert" comme main
armé, police du désert.
En Algérie ce sont les Chambaas
et les Touaregs, au Mali les Kountas et Touaregs encore qui font
régner l´ordre... de nombreux Touaregs s´en accomodent parce
que Laperrine leur offrait la possibilité de s´acheter deux chameaux,
un chameau de paturage, et un chameau monté, ainsi qu´un équipement.
De nombreux Touaregs trouvèrent là satisfaction et c´est
ainsi que "Laperrine apprivoisa les Touaregs".
Les Français ont également imposé le paiement d´une taxe, "une dîme" par les différentes autorités Touarègues : la twise, impôt de suzeraineté, qui en regard des traditions locales était la reconnaissance de la domination des Français.
Il semble malgré la violente confrontation entre les Français et les Touaregs, que les uns exerçaient une certaine fascination sur les autres (malheureusement, pas toujours dans le sens que l'on croit). C´est d´ailleurs en partie de ces conflits que vient la réputation de terribles guerriers du désert des Touaregs, certains officiers français ont gardé le souvenir de passionnantes amitiés, certains s´y sont même mariés...
"Guerrier à dromadaire" - source Temhai
Document : "la première traversée du Sahara
en avion"