Les causes de la rébellion

NIGER - 1990, Tchin Tabaraden

Tchin Tabaraden est un village du désert Nigérien, qui avait déjà subi quelques tensions en 1985 avec l'intervention d'un commando armé.

Le 7 mai 1990, de jeunes Touaregs décidèrent d'organiser l'évasion de leurs amis ishomars emprisonnés à la prison de Tchin Tabaraden. Ceux-ci furent probablement emprisonnés à la suite de protestations.
Mais la confrontation avec les gardiens, militaires Nigériens tourna mal et l'un (deux?) d´entre eux fut tué. Les assaillants repartirent avec des armes volées. Craignant une sévère réaction des autorités, les Touaregs paniqués fuirent. Ils ne furent jamais retrouvés.

Les militaires Nigériens affirmeront par la suite que l'attaque n'était pas aussi innocente qu'elle le paraissait : qu'elle avait engagée trois groupes armés qui avaient assassiné des gardes forestiers aux alentours de Timia, à cinquante kilomètres de Tchin Tabaraden...

La nouvelle de cet incident courut très vite dans les grandes villes du Niger, ce qui entraîna la mobilisation de centaines de soldats de l'armée sur les lieux de l'incident - sans même qu'ils eurent été précisément au courant des évènements de la prison - avec l'ordre de fouiller toute la région. Les soldats zélés ont arrêté et tué de nombreux Touaregs dans toute la région. C'est là un des évènements les plus tragiques de l'histoire touarègue, et l´amorce d´une longue guerre civile. Beaucoup d'entre eux ont déjà fui vers le Mali.

Le bilan de cet évènement est incertain... "le gouvernement avoue 63 morts, la Conférence Nationale (voir chapitre suivant) révèlera 19 décès et 50 morts après torture ou représailles. Un agent français des renseignements, Claude Silberzahn, rapporte la mort de 31 personnes à la suite d'un assaut, et une soixantaine de morts à la suite d'une répression. Un journal français avance 400 victimes, des ONG 700 et la propagande de la rébellion jusqu'à 1500 victimes*"

MALI - 1990, Menaka

Depuis l'indépendance jusqu'en 1990, les Touaregs du Mali n'ont jamais été intégré à la vie institutionnelle. D'ailleurs de nombreux Maliens considéraient encore les Touaregs comme des étrangers.

En 1990, le gouvernement est dirigé par Moussa Traore, sous forme d'un régime à parti unique. Celui-ci entretient des contacts avec le président Nigérien et organise l´arrestation des rebelles réfugiés, dans le but de préserver son pays de la crise. Les rebelles capturés furent emprisonné à la prison de Menaka au nord du Mali.

Le 26 juin 1990, le poste de gendarmerie et la prison de Menaka sont violemment attaqués par des Touaregs.

Cette date signe l´engagement du Mali dans la crise, puisque des prisonniers seront libérés et des armes volées. L'armée compte des victimes et s'engage à la poursuite des attaquants, dans tout l'Adrar, ils ne parviendront pas à les capturer, au contraire, les forces armées perdront d'autres hommes lors d'accrochages et, dépités, finiront par se venger sur les civils.

Au Niger comme au Mali, la crise est lancée de façon brutale, les attaques touarègues conduisent à des réactions musclées des armées respectives des deux pays qui ne feront pas de cadeaux aux habitants du nord.

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* Voir le livre d'A. Deschamps cité dans les crédits de ce site.